J’ai grandi près de la mer dans le petit monde anachronique et souvent violent de la famille pied-noir de mon père. Dans les mystérieuses calligraphies arabes de ses livres et le chant de Camus j’ai imaginé son pays perdu. Ecolière, les langues grecque et latine ont nourri mes rêveries méditerranéennes. Mais ma mère avait « un visage aux couleurs de France », une enfance limousine aux joues rosies, au goût de châtaigne; ses vingt ans du côté de Saint-Germain des Près. Elle m’a donné le goût de la littérature anglaise et celui de l’herbe verte, de la Creuse ou du Wyoming.
La suite? Si un plus ou moins bon hasard m’a parfois menée
à une activité rémunérée, il faut dire que ma rencontre avec Holden Caulfield est un élément biographique aussi tangible que l’obtention du baccalauréat. En résumé les errances solitaires de la jeunesse ont laissé place à des affections au long cours.
Et la pratique de la photographie en est devenue plus nécessaire.