Sur les pas de Corot

La Passante

A la gracile attache du poignet
Répondent la cambrure audacieuse
Et un froissement à peine audible

Ainsi l’ombrelle mesure l’élégance
Qu’elle rythme

Dans cet ensemble
Allure et démarche composent
La secrète partition des paupières

André Duprat

Nonnain

Visages de mains jointes
Corps et chef couverts
D’une sombre crue vestimentaire

Est-ce le ciel en elle
Qui ensemence cette passion

Sur le sol, au diapason des feuilles, elle tombe
Bibliquement en sainte

André Duprat

Le site Corot est un havre de paix et de nature au coeur de la petite ville de Saint-Junien en Limousin. Le célèbre peintre y mena souvent son étude au cours des années 1850. Bout de rivière pris dans un relief chaotique, le lieu porte les traces, filature, moulin, bief d’une nature transformée par le travail des hommes, par ces activités journalières, paysannes et ouvrières que Corot aimait tant observer. Mais il nous charme aussi par toute sa belle sauvagerie campagnarde.
Au cours de l’année 2011, je fus, au sein d’un collectif, invitée par la ville de Saint-Junien et l’association IMPACT à me nourrir de cette mémoire et de la présence tutélaire du peintre en ce lieu privilégié.

Sur les pas de Corot au bord de la Glane, j’ai fait la double expérience de l’observation et du travail du ressouvenir, modes d’appréhension du réel dont la réflexion jalonne les carnets de Corot, mais suivant en cela les lois de la photographie où le temps perçu se déploie intérieurement quand le geste de la vision est instantané, le temps de l’ouverture si infime et la prise de vue, sans repentir.
Puis le temps se déploie à nouveau quand il décante les émotions, les souvenirs et les photographies que lui seul révèle et choisit.

C’est ainsi, enthousiasmées par Corot, sensibles aux correspondances des sens et des arts que mes modèles et moi-même avons accueilli le nouveau, l’inouï, l’occurrent de Saint-Junien.