Lorsqu’on chemine dans les photographies d’Isabelle Banco,
une impression ténue comme une caresse nous effleure et nous entête.
D’image en image la beauté s’offre à nos yeux , comme si
la photographe en avait trouvé la formule ou bien nous ferait-elle croire un court instant qu’il lui eût suffi de s’en emparer au détour d’une promenade.
Elle capture ainsi hors du monde et du temps, des fragments épargnés et virginaux. La nature y est centrale sans en être idéalisée. Elle est prise pour ce qu’elle est : un fruit mûr tiédi
par le jour dont ne peut profiter pleinement que celui qui sait
le cueillir au bon moment et le savourer avec lenteur. Elle accueille en son sein des corps paisibles dont les formes s’incarnent de douceur.
Les détails de matière retiennent indéfiniment notre attention
sur la capture : le grain de la peau est délicatement tangible, le duvet apparait comme l’écume sur l’eau.
Ses photographies nous invitent avec sincérité et profondeur
à une méditation que l’on ne pensait pas rechercher et qui nous saisit pourtant. Elles sont des contemplations poétiques reflétant
le regard bienveillant que la photographe pose sur ses sujets. Elle sculpte les corps avec précision, les place dans ce qui n’est jamais une simple toile de fond mais un écrin qui parait façonné par ses propres soins, et parvient ce faisant par suspendre un temps le souffle et la grâce.